Trois questions à Béatrice Peyrani

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Portrait de Béatrice Peyrani

Plaisir de Lire fête cette année ses 100 ans, nous en avons profité pour poser nos trois questions à Béatrice Peyrani qui préside cet éditeur associatif lausannois.

Plaisir de Lire est devenu une institution, quelle est son origine et comment a-t-elle évolué depuis ses débuts? 

L’association Plaisir de Lire a été fondée en 1923 par Jules Savary, directeur des écoles normales vaudoises sous le nom de Société romande des lectures populaires. Son but: offrir de «saines lectures à la jeunesse à prix modiques». Les premiers titres publiés: surtout des grands succès, au départ de la littérature allemande, comme La femme en gris d’Hermann Sudermann ou des classiques de la littérature française La tulipe noire d’Alexandre Dumas… En 1947, l’éditeur se rebaptise «Plaisir de Lire». L’association noue une relation privilégiée avec la famille de C. F. Ramuz, décédé cette même année. La réédition annuelle d’un grand roman de l’auteur vaudois amplifie la notoriété de Plaisir de Lire qui attire les jeunes nouveaux auteurs romands, comme Maurice Chappaz.

La maison compte des noms d’auteurs et d’autrices prestigieux.euses à son catalogue mais elle joue aussi le rôle de découvreur de talent. Comment se déroule la sélection des livres publiés aujourd’hui? 

La sélection des manuscrits qui nous sont proposés est faite depuis de nombreuses années par Anna Agazzone à qui Plaisir de Lire doit la détection de talents prometteurs: par exemple Marc Voltenauer, Tiffany Jaquet, Yves Paudex, Stéphanie Glassey, ou encore Matteo Salvadore et Elio Sottas qui ont à peine 23 ans !). Anna anime un comité de lecture composé actuellement de 18 lectrices et lecteurs, organisé en deux groupes de façon à avoir deux textes en évaluation chaque mois. Les textes soumis au comité de lecture sont sélectionnés parmi les 250 que Plaisir de Lire reçoit en moyenne chaque année; au final seuls 6 manuscrits sont publiés. Chaque membre du comité remplit une fiche standard de critique ou rédige son analyse sous forme de commentaire argumentatif. Une discussion orale a ensuite lieu afin d’examiner les différents avis et les modifications éventuellement proposées au texte. Et c'est dans la recherche de suggestions utiles et pertinentes pour contribuer à améliorer un texte que cet exercice d'évaluation prend tout son sens créatif. La décision finale de publier ou non l’ouvrage concerné revient au comité directeur de Plaisir de Lire.

Comment avez-vous marqué cet anniversaire et quelles activités éditoriales l’ont accompagné? 

Pour célébrer notre centenaire, Plaisir de Lire a organisé d’une part un concours de nouvelles sur le thème du plaisir de lire. Nous avons reçu plus de 70 textes et publié les 16 meilleurs dans un petit recueil rose fuchsia baptisé Plaisir de Lire Nouvelles Inédites. Nous avons aussi réédité Si le soleil ne revenait pas de C. F. Ramuz, un texte d’une actualité saisissante écrit en 1937, présenté dans une maquette très sobre signée du graphiste lausannois Chris Gautschi, illustré par la plasticienne Sandrine Pelletier et préfacé par Claudine Gaetzi, la responsable francophone de la revue Viceversa Littérature. Un livre désormais collector que nous avons eu la jolie surprise de voir exposé dans le bureau de C. F. Ramuz à la Muette, le tout nouveau Musée à la mémoire de l’écrivain à Pully.