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Habitant au dixième et dernier étage d’une barre d’immeuble qui est un chef-d’œuvre d’architecture brutaliste à l’époque du communisme tardif, Tadeusz s’est vu confier par son père une tâche difficile: aller porter un précieux, un miraculeux paquet de café en grains à Monsieur Stefan, le seul voisin à posséder encore un de ces vieux moulins à manivelle.

L’expédition n’est pas facile, il faut s’aventurer à l’autre bout d’un interminable couloir dont la plupart des ampoules ont été volées. L’odyssée poétique et drôle de ce gamin fait revivre tout un monde où il semble que les dieux de l’Olympe, en plus des autorités communistes, ne cessent d’interférer dans l’existence des hommes... Ithaque? C’est un appartement de trente-cinq mètres carrés que Tadeusz habite avec ses frères et sœurs, leurs parents et quelques animaux.

Dans une prose tantôt lyrique, tantôt clinique, avec autant d’humour que de goût pour la rêverie, ce panorama d’une enfance au crépuscule de l’époque communiste est un enchantement.

Un jeune danseur en fin de carrière forcée suite à une blessure déambule en ville avec sa nièce, parlant du plaisir qu’il a de se retrouver par moment coupé du monde.
Sa nièce le met donc au défi de s’isoler réellement, dans une ville de l’Est au nom imprononçable, en ayant interdiction d’interagir avec qui que ce soit, à de rares exceptions près.
Flottant dans l’espace étranger et dans une langue mystérieuse, il observe, prend des notes dans son carnet, rêve et dérive. La solitude à laquelle il s’abandonne est lumineuse et obscure à la fois. Peuplée de frôlements, d’émois, de réminiscences, elle draine les blessures et les joies, s’ouvre peu à peu à une liberté nouvelle.

Voilà des siècles, les robots de Panga ont accédé à la conscience et lâché leurs outils. Voilà des siècles, ils sont partis ensemble dans la forêt, et nul ne les a jamais revus. Voilà des siècles qu’ils se sont fondus dans les mythes de l’humanité. Un jour, la vie de Dex, moine de thé, est bouleversée par l’arrivée d’un robot qui, fidèle à une très vieille promesse, vient prendre des nouvelles de l’humanité. Il a une question à poser, et ne rejoindra les siens qu’une fois satisfait de la réponse.
La question: «De quoi les gens ont-ils besoin?»
Dans ses romans qui ont conquis d’emblée les cœurs et les esprits, Becky Chambers met en scène nos doutes du quotidien: dans un monde où les gens ne manquent de rien, à quoi sert d’avoir toujours plus?

Abigaëlle vit depuis vingt-sept ans à l’abbaye Sainte-Marie-de-la-Saône à Genevigny. Elle a fait vœu de silence et n’a pas prononcé un mot toutes ces années. Elle a foi en l’humanité et croit aux miracles. Surtout depuis l’arrivée de la lumineuse, joyeuse et souriante Zoé dans la vie de son frère Gabriel. Elle, qui a la tendresse qui déborde et lui, qui mène des combats enragés dans sa tête. Allergique à l’engagement, avec son apparente absence d’émotions face à l’enthousiasme éblouissant de Zoé. Elle met de la couleur dans le film noir et blanc de la vie de son frère. Une rencontre comme un cadeau du ciel.

Foncez sans savoir où vous allez. Plongez dans les émotions. Dans ce récit intime, émouvant, bien écrit, si intense. Laissez-vous embarquer, vous n’en sortirez pas indemne. Ça bouscule, ça secoue, ça bouleverse. Laissez couler vos larmes. Lisez-le.

Un texte comme une prière. Plus beau que beau. Tissé de silences, de peurs et de mots, vivants comme la terre qui les porte. Un texte comme un souffle s’élançant vers les cieux, touchant les cimes et déchirant les nuages. Une symphonie. D’à peine 80 pages. Miraculeuse. 

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La mère, La Varienne, c’est l’idiote du village. La petite c’est Luce. Quelque chose en elle s’est arrêté. Pourtant. À deux, elles forment un bloc d’amour. Invincible. 

L’école menace cette fusion. L’institutrice, Mademoiselle Solange, veut arracher l’enfant à l’ignorance, car le savoir est obligatoire. Mais peut-on franchir indemne le seuil de ce monde? 

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Une langue comme un miroir, donnant à voir la plus infime parcelle de peau. 

Celle de la Varienne d’abord, toute de phrases courtes, juxtaposées, à peine une idée, des actes posés et la peur – immense – en embuscade. Celle de la petite, comme deux grands yeux inquiets. Incapables de quitter, faire faux-bond, défaillir. Aller là où la mère ne va. Celle de l’institutrice enfin, toute de subordonnées et d’élaborations, d’idées, d’envies, de révolutions. 

Là réside l’immensité du talent de Jeanne Benameur: faire de sa langue l’architecte de ses personnages, donner corps, cœur et âme, à ce qu’elles sont, avec plus de justesse que n’importe quelle description. 

Les Demeurées subjugue par sa brièveté, son incandescence, sa pureté. C’est une minuscule merveille, un écheveau de fils fragiles et colorés, demeuré là, sur la table pour se voir emporté.