
L’association LivreSuisse diffuse désormais les meilleures ventes de livres des librairies indépendantes de Suisse romande. Inspirée par l’initiative du journal Le Temps, elle publie gratuitement, toutes les deux semaines, les meilleures ventes des librairies choisies par ce média.
1. «Résister» de Salomé Saqué (Payot)
L’extrême droite est aux portes du pouvoir. Dans les urnes comme dans les esprits, ses thèmes, son narratif et son vocabulaire s’imposent. Il est encore temps d’inverser cette tendance, à condition de comprendre les rouages de cette progression et de réagir rapidement.
2. «Mon vrai nom est Elisabeth» d’Adèle Yon (éditions du sous-sol)
Mon vrai nom est Elisabeth est un premier livre poignant à la lisière de différents genres: l’enquête familiale, le récit de soi, le road-trip, l’essai. À travers la voix de la narratrice, les archives et les entretiens, se déploient différentes histoires, celles du poids de l’hérédité, des violences faites aux femmes, de la psychiatrie du XXe siècle, d’une famille nombreuse et bourgeoise renfermant son lot de secrets.
3. «Le chant de la rivière» de Wendy Delorme (Cambourakis poche)
Dans ce roman envoûtant, Wendy Delorme nous plonge dans deux histoires d’amour qui se font écho à deux époques différentes, nous donnant à entendre la mémoire de vies minoritaires, dans un récit où les éléments, l’eau, le vent, les arbres et les pierres deviennent des personnages à part entière.
4. «La petite bonne» de Bérénice Pichat (Les Avrils)
Domestique au service des bourgeois, elle est travailleuse, courageuse, dévouée. Mais ce week-end-là, elle redoute de se rendre chez les Daniel. Exceptionnellement, Madame a accepté d’aller prendre l’air à la campagne. Alors la petite bonne devra rester seule avec Monsieur, un ancien pianiste accablé d’amertume, gueule cassée de la bataille de la Somme. Il faudra cohabiter, le laver, le nourrir. Mais Monsieur a un autre projet en tête. Un plan irrévocable, sidérant. Et si elle acceptait? Et si elle le défiait? Et s’ils se surprenaient?
5. «Ce que je sais de toi» d’Eric Chacour (Folio)
Dans le Caire des années 1980, Tarek est un jeune homme à l’avenir tout tracé. Après avoir repris le cabinet médical de son père, il s’apprête à épouser Mira, son amour de jeunesse. Mais, en ouvrant un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam, Tarek fait la connaissance d’Ali. Cette rencontre inattendue ne tarde pas à ébranler ses certitudes…
De l’Égypte au Canada, ce roman, fait de dévoilements successifs, nous entraîne à la suite d’un homme en quête d’une vérité aussi brûlante que libératrice.
6. «La Realidad» de Neige Sinno (POL)
La Realidad est le nom d’un village situé dans les montagnes du Chiapas, au Mexique, où vivent des peuples autochtones à l’origine du soulèvement zapatiste. C’est un endroit où j’ai essayé d'aller, avec mon amie Maga, sans y parvenir. Je m’en suis approchée, ou j’ai cru m’en approcher. Aujourd’hui encore, tant d’années après ce voyage, je ne saurais dire exactement ce que j’ai vu. J’ai la sensation, une sensation étrange car je ne saurais l’expliquer totalement, qu’il s’agissait de quelque chose d’important. Quelque chose qui pourrait éclairer non seulement mon existence mais aussi ma compréhension du monde, une clef que je tiens dans la paume de ma main et qui pourtant n’ouvre aucune porte.
7. «Bien-être» de Nathan Hill (Gallimard)
À l’aube des années 1990 à Chicago, en pleine bohème artistique, un homme et une femme vivent l’un en face de l’autre et s’épient en cachette. Rien ne semble les relier — elle est étudiante en psychologie, lui photographe rebelle. Mais lorsqu’ils se rencontrent enfin, le charme opère et l’histoire d’amour démarre aussitôt entre Elizabeth et Jack. Ils ont la vie devant eux et, même si leurs rêves et leurs milieux divergent, ils sont convaincus que leur amour résistera à l’épreuve du temps.
Mais qu’en est-il vingt ans plus tard? Une fois que le couple s’est embourgeoisé, qu’il se débat avec un fils tyrannique, que le désir s’éteint à petit feu et que les rêves s’oublient? L’achat d’un appartement sur plan devient alors le révélateur de tous les désaccords entre Elizabeth et Jack. Au fond, étaient-ils faits l’un pour l’autre?
Bâti avec de malicieux va-et-vient dans le temps, Bien-être est la fresque épatante d’un amour dont le décor, Chicago, perd son âme à mesure que les sentiments s’abîment. Nathan Hill y décortique le couple et l’état de la middle class avec un panache, une ingéniosité et un humour irrésistibles. Du grand roman américain au souffle palpitant.
8. «Vivre avec les hommes, réflexions sur le procès Pélicot» de Manon Garcia (Flammarion)
«Je suis philosophe, je m’intéresse aux rapports entre les femmes et les hommes: après un premier livre sur la soumission des femmes aux hommes, j’ai écrit un ouvrage sur le consentement et les injustices de genre dans la sexualité hétérosexuelle. Je suis aussi une femme de bientôt quarante ans, qui voudrait pouvoir exister dans le monde sans s’inquiéter sans cesse des violences sexistes et sexuelles dont mes amies, mes filles ou moi pourrions être victimes. J’ai vu les changements apportés par le mouvement #MeToo, je vois le backlash masculiniste qui s’efforce de renvoyer les femmes à leur position de deuxième sexe. Lorsque je découvre les crimes commis sur Gisèle Pelicot, je sais que se condensent dans cette histoire toutes les questions philosophiques qui sont les miennes. J’hésite à aller au procès de Mazan. Puis je me rends à l’évidence: il me faut écrire ce procès et l’expérience que j’en fais, comme philosophe et comme femme. Et tenter de répondre à cette question qui me hante: peut-on vivre avec les hommes?»
9. «L’étoile de Mo: aventures forestières» de Choi Yeonju (Hélium)
Mo peine à trouver le sommeil, quant au loin, une étrange et brève lumière le tire de son lit. Irrésistiblement attiré par elle, le petit chat s’aventure à sa recherche en pleine nuit.
Dans la forêt, il rencontre successivement Grand-père Hibou, un couple de mésanges, un écureuil à haut-de-forme, une cheffe raton laveur, une colonie de mulots, une bande de joyeux rennes… Tous l’encouragent en lui donnant de quoi continuer son périple (une besace, un plan de la forêt, un plat cuisiné…) et le guident, lui permettant d’acquérir une série de connaissances utiles. Mais les nouveaux amis de Mo n’ont de cesse de le mettre en garde contre l’ours à l’haleine fétide qui vit non loin de là. Plus il avance dans sa quête et plus Mo est à la fois effrayé et curieux de le rencontrer… L’ours est-il donc aussi terrible qu’on le laisse entendre?
10. «Un jeu sans fin» de Richard Powers (Actes sud)
Fille d’un ingénieur canadien collaborant avec le commandant Cousteau, Evie a douze ans lorsqu’elle attrape le virus de la plongée et décide de consacrer sa vie à l’exploration des fonds marins. Ina, une artiste polynésienne, compose des sculptures avec des déchets plastiques qu'elle glane sur les plages. Peu à peu, une étrange créature prend forme. Todd et Rafi, deux lycéens américains que tout oppose, cimentent une intense amitié autour du jeu de go; l’un se perdra dans la littérature, l’autre révolutionnera l’intelligence artificielle. Avec la virtuosité qu’on lui connaît, Richard Powers met en scène une poignée de personnages à différentes périodes de leur vie, avant de les réunir à Makatea, île du Pacifique ravagée par des décennies d’extraction minière, où se joue la prochaine grande aventure de l'humanité: la construction de villes flottantes. Mêlant science, écologie et poésie, Un jeu sans fin sonde les mystères de l’océan et les potentialités infinies des nouvelles technologies pour célébrer la beauté et la résilience de la nature.