Meienberg dans le Jura

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Couverture L'Oiselier
L’Oiselier, Daniel de Roulet

Dans L’Oiselier, Daniel de Roulet immerge le lecteur dans le monde du mouvement autonomiste jurassien tout en nous rappelant un temps où la Suisse faillit se briser.

Le seul protagoniste de L’Oiselier, c’est le journaliste suisse alémanique Niklaus Meienberg, connu pour sa plume belligérante. Plus on suit cet enquêteur, plus on a l’impression que les Béliers, les membres du mouvement séparatiste jurassien, ont eu les yeux plus gros que le ventre. Pendant des décennies, ils ont été fascinés par les mouvements indépendantistes en Algérie, au Pays basque ou en Irlande du Nord. Pire, ils auraient été en contact avec des militants allemands de la Rote Armee Fraktion en prenant le risque d’une guerre civile en Suisse. Retraçant l’enlèvement de li’ndustriel allemand (et ex-officier SS) Hanns-Martin Schleyer, Meienberg révèle des connexions déconcertantes entre ce crime qui a tenu le public en haleine et cette série de morts le long de la frontière franco-helvétique.

Il ne s’agit pas ici d’une étude psychologique des séparatistes jurassiens, ni d’un roman policier, mais plutôt de la tentative d’étudier un épisode de la vie troublée de Niklaus Meienberg et de la Suisse. L’ouvrage de Daniel de Roulet demeure une fiction avec un arrière-plan historique et se refuse à n’être qu’un documentaire, un mode d’écriture que de Roulet ne trouve pas adéquat. Car après tout, «le train du réel ne passe qu'une fois. Tout le reste, il faut le confier à la littérature.» De Roulet réussit son pari, car on finit par se poser la question qui avait déjà divisé Furgler et Meienberg: qu’est-ce qui est plus important? La vérité absolue ou la sécurité nationale?

Source:
Bénédict Brodmann, Magazine LivreSuisse n°1