
Après des études de lettres, Adélaïde Fabre travaille en librairie et dans l’édition. Directrice de programmation à la Villa Gillet de 2000 à 2017, elle fonde ensuite l’agence «et tuttiquanti…», spécialisée dans la coordination et la programmation artistique internationale. Parmi ses projets: Le Livre sur les quais, le festival Un Week-end à l’Est, la collection «Récits d’Objets», le prix Blù Jean-Marc Roberts et le Festival du Livre de Paris, dont Adélaïde Fabre assure la programmation fiction et poésie. Avant l’édition du 11 au 13 avril, nous lui avons posé nos Trois questions.
Cette année, le Festival du Livre de Paris reprend ses quartiers au Grand Palais. Quels effets en attendez-vous?
Le retour au Grand Palais est un événement qui suscite beaucoup d’attentes et qui entend redonner ses lettres de noblesse au plus grand festival littéraire de France. L’époque où le festival avait ses quartiers au Grand Palais reste gravée dans les esprits du monde du livre comme une parenthèse enchantée. Aussi, que ce soit du côté de l’équipe du festival, que des éditeurs ou des auteurs, nous ressentons un enthousiasme et une impatience qui ne font que s’accroître à l’approche de l’événement. L’enjeu et les attentes sont donc nombreuses et le défi est d’autant plus enthousiasmant et passionnant à relever.
C’est une édition, d’une ampleur inédite, qui va explorer la richesse qu’engendre le croisement des disciplines artistiques. L’idée est aussi d’habiter ce formidable écrin qu’est le Grand Palais avec une scénographie sur mesure, des galeries thématiques (dédiées à la mer, à l’adaptation), le festival Extra et son cabaret et différentes formes artistiques. Cette année le nombre de rencontres est deux fois plus important, tout comme le nombre d’auteurs invités: 500 au lieu de 330 l’année dernière. L’implantation des scènes et des stands a été pensée pour une meilleure gestion des flux. Ce retour au Grand Palais est symboliquement fort et nous avons l’ambition d’imaginer que le public reviendra cette année encore plus nombreux et plus curieux…
En tant que programmatrice pour la fiction et la poésie, qu’avez-vous souhaité mettre en avant?
Nous avons construit cette programmation en équipe avec Aube Mézières, Cédric Duroux, Nancy Moreno Pinto, Capucine Ruat et Paul Susini. Avec une évidence: la littérature et la poésie sont cruciales au moment où les obscurantismes menacent. Elles sont un rempart, une résistance et un espace précieux de liberté à préserver. Mettre en avant la puissance de l’imaginaire, les formes narratives comme moyen de s’évader et aussi de rendre compte des enjeux de nos sociétés nous semblait essentiel. Et bien sûr, nous avons pensé à la joie des retrouvailles avec Le Grand Palais pour les autrices et auteurs que nous avons invités. Nous avons œuvré à ce que notre proposition soit la plus éclectique possible, qu’elle s’adresse à toutes les lectrices et lecteurs. Évidemment, nous aurons le plaisir de recevoir des auteurs incontournables comme Amélie Nothomb, Camille Laurens, Ludmila Oulistkaïa, Marc Lévy, Lola Lafon, Milena Agus, Christine Angot, Philippe Besson, Miguel Bonnefoy, Leïla Slimani mais aussi de mettre en lumière des voix comme David Ducreux Sincey, Guillaume Lebrun, Constantin Alexandrakis, Dounia Hadni, Lucie Barrate, Tomasz Różycki, Loïc Demey, Irma Pelatan, Adèle Yon ou Abigail Assor…
En fait, je pourrais citer tous les auteurs invités car ils ont tous suscité notre intérêt. Nous avons vraiment eu envie que les lecteurs les rencontrent ou les découvrent.
Le Festival du Livre de Paris accueille 120 maisons d’édition de plus que l’an passé. Parmi celles-ci, de nombreuses maisons suisses, notamment représentées sur le stand de l’association LivreSuisse. Comment présenter au mieux la production éditoriale suisse au public français?
En tant que directrice artistique du Livre sur les quais à Morges depuis cinq ans, je mesure pleinement la vitalité éditoriale suisse, tout autant foisonnante que passionnante. LivreSuisse et Pro Helvetia travaillent passionnément avec les éditeurs suisses sur le terrain auprès des librairies et des festivals français pour présenter leur production éditoriale. C’est un vrai challenge dont on voit me semble-t-il le résultat. De nombreux auteurs suisses dépassent les frontières.
Notre programmation a voulu être le miroir de cette diversité éditoriale suisse afin que le public français continue à la découvrir. Autrices et auteurs confirmés et primés, comme Gabriella Zalapì (Zoé) ou Sarah Jollien-Fardel (Sabine Wespieser), côtoient le premier roman de Léna Furlan chez Slatkine ou la poésie d’Arthur Billerey par ailleurs éditeur à la Veilleuse. Nous pourrons retrouver aussi Luca Brunoni pour son deuxième roman aux éditions Finitude qui interroge les loyautés familiales, Roland Buti pour son roman tout en délicatesse chez Zoé, en passant par Sara Catella et Cécile Koepfli pour leur album jeunesse (Askip) (la programmation jeunesse est réalisée par Sophie Van der Linden). De nombreux auteurs suisses viendront également dédicacer sur le stand de LivreSuisse ce qui permettra des rencontres plus informelles avec les lecteurs et lectrices.