Trois questions à Caroline Coutau

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Portrait de Caroline Coutau
Roman Lusser © Zoé

Entrée aux éditions Zoé en 2008, Caroline Coutau en est devenue la directrice en 2011, succédant à leur fondatrice Marlyse Pietri. Elle a contribué à donner à la maison d’édition une place reconnue à l’international, dont témoignent notamment le National Book Award décerné à Elisa Shua Dusapin ou le succès rencontré par Gabriella Zalapì. À loccasion des 50 ans de Zoé, nous avons demandé à Caroline Coutau de se prêter au jeu des trois questions.

En 2025, les éditions Zoé fêtent leurs 50 ans. Comment se sent-on lorsqu’on est la dépositaire de cet héritage?

Heureuse, chanceuse et honorée. Pour ne parler que du domaine français, la présence au catalogue d’autrices comme Agota Kristof, Catherine Colomb ou Corinna Bille, résonne fort, que ce soit pour leur univers, leur écriture ou leurs sujets, avec celles d’auteurs et d’autrices d’aujourd’hui; tels qu’Anne Brécart, Max Lobe, Roland Buti ou Jérôme Meizoz, dont nous publions ces jours les nouveautés. Il y a aussi d’évidents échos de Nicolas Bouvier à Aude Seigne, Jérémie Gindre ou Blaise Hofmann, ou de Gustave Roud à Bruno Pellegrino, de Cendrars à Michel Layaz; des exemples parmi tant d’autres. Cette dimension organique et vivante est inspirante et stimulante, elle donne une cohérence tout en permettant, voire en obligeant chacun à creuser sa singularité.


Quel est le programme pour célébrer cet anniversaire?

Nous avons commencé par imaginer un leporello qui traverse à grands pas et de manière très visuelle les cinquante ans des éditions. Il est disponible gracieusement en librairie. Ensuite nous avons demandé à Chahut Média de réaliser un podcast en quatre épisodes (voir ici) qui donne autant une idée des voix Zoé que de la fabrique Zoé sur ces cinquante années passées. Et puis des grandes rencontres auront lieu entre auteurices et éditeurices dans plusieurs festivals en France, d’autres du même ordre dans toute la Suisse romande. Les événements seront annoncés au fur et à mesure sur notre site.


Au-delà de ce jubilé, comment envisagez-vous l’avenir des éditions Zoé?

Vivant et libre, le plus possible. Certes, nous avons aujourd’hui une belle visibilité, une équipe forte et surtout des autrices et auteurs passionnants. Mais rien n’est jamais acquis, tout est si fragile. Il suffit de penser aux écrans qui dévorent notre temps non professionnel ou à ces quelques grands groupes de l’édition mondiale qui avalent et lissent tout sur leur passage. Il faut continuer à ouvrir tous nos sens, à réfléchir, à prendre des risques, assumer nos goûts et nous remettre en question, tout le temps.