Trois questions à Céline Besson

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Portrait Céline Besson
©Thierry Porchet

Début septembre, près de 40 librairies indépendantes lançaient une action radicale vis à vis des diffuseurs français afin de les inciter à répercuter la baisse de l’euro sur le prix des livres en Suisse. Et bonne nouvelle, le prix des livres français importés va baisser de 6,5 à 11%! Dans ce contexte, Céline Besson, gérante de la librairie L’Etage à Yverdon et présidente du domaine Libraire de LIVRESUISSE, répond à nos trois questions et retrace les principaux enjeux liés au prix du livre en Suisse.

Tout augmente, mais le prix des livres baisse, par quel miracle?

En réalité le prix d’origine des livres augmente progressivement en raison de la hausse des coûts du papier, des transports, celle des charges générales des éditeurs. Le comité, les librairies membres, le secrétariat de LivreSuisse ont ensemble coordonné une action forte auprès des maisons de diffusion française, afin de faire pression et d’amener celles-ci à prendre en compte la baisse du cours de l’euro. Nous leur avons demandé une réévaluation des tabelles pour que le prix des livres en Suisse baisse. Le cours de l’euro est bas depuis le début de l’année, il tend à se stabiliser, aussi les prix doivent être adaptés. Notre action porte ses fruits et une baisse importante sera effective dès le mois de novembre. A noter toutefois que tous les diffuseurs n’ont pas encore répondu favorablement à notre demande d’ajustement, et que des négociations restent en cours…
La pandémie Covid nous a montré à quel point le livre tient une place importante dans la vie de nos clients. À l’heure où une inflation généralisée s’annonce, idéologiquement c’est un beau message que de garder le livre, produit de première nécessité reconnu par le gouvernement, à un niveau de prix raisonnable pour les lecteurs et lectrices de Suisse.

 

En quelques mots, quel rôle-clé pour le livre les diffuseurs français jouent-ils en Suisse romande? Et pourrait-on s’en passer?

Le diffuseur assure la promotion des livres en librairie entre autres par le biais de son équipe de représentant.e.s. Année après année, les relations professionnelles se tissent et s’affinent entre libraires et équipes de diffusion. Le travail des représentants est souvent très ciblé et personnalisé à chaque point de vente,  il tient compte des spécificités de chacune de nos librairies.
En amont, le diffuseur fait le lien avec les maisons d’éditions françaises (et suisses) et garantit les stocks et les mises en vente aux dates prévues. Certes, nous pourrions apprendre à nous en passer, mais ce ne serait pas souhaitable et compliquerait passablement notre travail au quotidien.

 

Pourquoi le prix du livre fait-il débat alors que les Suisses paient tous les produits importés nettement plus cher qu’ils ne le sont dans leurs pays d’origine?

A la différence de tous les autres produits, le prix d’origine en euros est imprimé au dos du livre. Cela peut provoquer des comparaisons désagréables pour qui n’a pas conscience des enjeux liés à ce surcoût – transport, douane, diffusion, stockage, distribution – et du niveau des salaires et des charges suisses. Lorsque les prix ne sont pas imprimés cette différence ne fait pas polémique, les consommateurs ignorent alors l’ampleur des différences de prix de vente dans chaque pays. A chaque fluctuation importante du cours du change, le sujet du livre revient au centre des débats mais il n’est clairement pas le plus mauvais élève. Néanmoins, ce n’est pas une raison pour ne pas veiller à ce que le surcoût soit juste pour un bon fonctionnement de toute la chaîne.