Trois questions à Isabelle Falconnier

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Portrait d'Isabelle Falconnier
© Florian Cella

Après huit années d’engagement en faveur du livre à Lausanne, Isabelle Falconnier relève un nouveau défi professionnel en reprenant la direction du Club suisse de la presse. L’occasion pour nous de lui poser nos trois questions et de saluer le formidable soutien qu’elle apporte au milieu littéraire romand.

Journaliste, critique littéraire, présidente du Salon du livre de Genève, autrice, déléguée à la politique du livre de la ville de Lausanne, etc… le milieu littéraire romand n’a plus de secret pour vous ! Quel regard portez-vous sur lui et que lui souhaitez-vous pour l’avenir?

Le milieu littéraire romand est passionnant tant à vivre qu’à observer. Écrire, éditer, lire, sont trois activités que la Suisse romande cultive avec engouement depuis toujours!
La scène du livre est ici vivante et réactive, elle évolue sans cesse, portée par des éditeurs, des lieux et des associations attentives à l’évolution de la société, des pratiques et de la création littéraire. Ces dernières années, rien qu’à Lausanne, j’ai vu naître une dizaine de nouveaux labels d’édition comme uTopie, Presses Inverses, les Nouvelles Éditions Humus ou Paulette, ses Pives et ses Grattaculs. D’un point de vue structurel, le modèle économique de l’édition romande est quasi miraculeux, fragile et instable, reposant sur des équipes de taille modeste qui donnent de leur énergie sans compter. Même les structures professionnelles majeures que sont Favre, Zoé, Slatkine, Antipodes ou désormais Helvetiq jonglent sans cesse. Je suis admirative de l’intelligence et de la passion que je rencontre tous les jours dans ce milieu. Je lui souhaite de durer, bien sûr, en cultivant à la fois le lien avec le public, les créateurs et les alliances entre pairs parce qu’ensemble, on est toujours plus forts.

 

En huit ans d’engagement en faveur du livre à Lausanne, vous avez encouragé la création littéraire, soutenu les maisons d’édition, développé le Prix des lecteurs de la ville, Lausan’noir le festival du polar, mis sur pied le rendez-vous annuel «Lire à Lausanne», etc. Ces activités foisonnantes, cette immersion dans les milieux littéraires ne vont-elles pas un peu vous manquer?

J’ai cultivé tout au long de ma vie deux passions qui sont d’un côté les livres, les romans et la fiction, parce que tout cela m’a construit, nourri, m’a appris la vie et les passions humaines, et de l’autre le journalisme, l’écriture journalistique, la curiosité, l’empathie, le débat d’idées et la volonté de comprendre qu’ils suggèrent. Le fil rouge de mes activités a toujours été de créer du lien entre les gens, de porter des sujets, des personnalités et des valeurs qui me tiennent à cœur. J’espère bien poursuivre dans cette voie. Et je resterai évidemment une lectrice passionnée, et poursuivrai mes activités de journalisme littéraire.

 

En juillet, vous reprendrez la direction du Club suisse de la presse. Qu’est-ce qui vous a motivé à relever ce nouveau défi?

Le Club suisse de la presse a pour vocation d’être la maison des médias en Suisse romande, de porter les débats autour du journalisme et de ses enjeux actuels, qui sont nombreux et importants. Le monde de la presse est mon biotope naturel, initial, et je suis heureuse de mettre à son service mes diverses expériences, de collaborer avec les médias romands pour créer, ici aussi, du lien et du débat. Le Club suisse de la presse est aussi un lieu à disposition des associations et organisations diverses, dont la ONG de la Genève Internationale, pour porter leur message auprès des médias nationaux et internationaux. Cette ouverture du monde, à l’actualité, aux enjeux de société contemporains, me parle beaucoup.