Un royaume sans importance

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Couverture de l'ouvrage Le Pas de la Demi-Lune de David Bosc

Il n’y a pas d’apocalypse dans le nouveau roman de David Bosc, où les terres de Marseille et ses calanques s’interprètent en noms japonais et où l’on survit après que la Fédération des royaumes du couchant a périclité. Le narrateur est un homme heureux qui un jour décide de parcourir les territoires de son enfance, palpant des yeux la chair de chaque paysage, humant les vents et les couleurs; la figure du père, pénétrante, accompagne l’ancrage à la terre. «La mer brasille, les îlots font figure de nuages, je ne sais pas si j’ai les yeux ouverts ou si je me remémore les images des Anciens.» Il n’y a pas de désespoir, mais un flottement serein de personnages qui vivent dans le temps long, le chaos accepté et la vie riche du présent. Il fallait une puissance romanesque hors du commun pour recréer la terre, le vivant palpitant et sensible dans un Occident réenchanté par le regard de l’Extrême-Orient. On peut y lire une allégorie de notre temps, une réflexion politique à époques renversées, mais l’esthétique de la littérature ravage toutes les interprétations, dans le monde envoûtant et familier où David Bosc entraîne le lecteur. Quelque chose qui ressemble au bonheur. 

Source:
Karine Papillaud, Magazine LivreSuisse n°4