
Coup de cœur - Trois générations
Séoul, fin des années 1920. La Corée se trouve sous domination japonaise. C'est l'histoire de la famille Jo, où trois générations se côtoient: le grand-père, patriarche autoritaire et conservateur, le père, modern boy, converti au christianisme, faible et débauché, et le petit fils, étudiant, marié et père de famille, sympathisant des marxistes pourchassés par le gouvernement. Dans ce récit, d'abord paru sous forme de feuilleton en 1931, s'entremêlent intrigues familiales et politiques où l'auteur dépeint une société en pleine mutation. À la frontière entre le roman réaliste et le roman policier, les rebondissements nous tiennent en haleine jusqu'au bout du livre, résolument moderne pour son époque et devenu un classique de la littérature coréenne.

Coup de cœur - Vladivostok circus
Dans ce nouveau roman, Elisa Shua Dusapin emmène les lecteur et les lectrices loin en Sibérie, à Vladivostok. Nathalie, début de la vingtaine et récemment sortie d’une école de costumière, rejoint un cirque en fin de saison pour créer les tenues d’un trio de barre russe. Anna, Nino et Anton se préparent au concours international d’Oulan-Oude qui aura lieu quelques semaines plus tard. Dans cette ville tout au bout de la Russie, dans ce cirque déserté pour l’hiver où le froid se fait plus perçant et où les jours raccourcissent, ces quatre personnages devront apprendre à se connaître et à se faire confiance, au risque de tomber et de se briser. Entre silences et tensions, Elisa Shua Dusapin instille aussi de la douceur dans ce récit dont les images fortes nous imprègnent et nous poursuivent bien après avoir tourné la dernière page.

Coup de cœur - Révolution aux confins
En 1886, les Philippines sont plus que jamais sous le joug de l’Espagne, où les tensions entre colonisés et colonisateurs se font de plus en plus fortes. José Rizal, lui, se trouve en Europe pour ses études d’ophtalmologie. Il passe par la péninsule ibérique bien sûr, mais aussi par Paris, Heidelberg et finalement Leipzig, où il restera deux ans. Médecin mais aussi poète, romancier et artiste, il s’attèlera à plusieurs traductions de l’allemand au tagalog, dont le Guillaume Tell de Schiller. Annette Hug raconte cette période de la vie du jeune révolutionnaire Philippin. Comment exprimer dans son langage un paysage alpin lorsque, dans les deux langues, certains termes n’existent pas? Le lac des Quatre-Cantons devient alors océan et les montagnes se font volcans. Biographie romancée jalonnée de réflexions sur la langue, l’autrice met en littérature ces deux révolutions, l’une légendaire en Suisse centrale et l’autre à venir aux confins de l’Asie.

Coup de cœur - Le voisin
C’est un livre 100% suisse que nous vous présentons ici. Une histoire un peu loufoque, sans texte, qui met en scène deux voisins au train de vie complètement différent. L’un est plutôt tatillon et solitaire, tandis que l’autre aime recevoir du monde et faire la fête. Pas toujours évident de cohabiter quand on est si opposés! Mais parfois, il suffit de peu de choses pour trouver un terrain d’entente!
Un chouette album que les petits pourront découvrir tout seuls. Les illustrations fraîches et pétillantes de Walid Seragéldine donnent un côté complètement réaliste à cette querelle de voisins. Une bonne tranche de rigolade!

Coup de cœur - Sans alcool et autres nouvelles
Les Éditions Zoé ont réédité en 2020 le recueil de nouvelles «Sans alcool» d’Alice Rivaz publié en 1961 à la Baconnière. Réédition qui complète la grande activité autour de cette autrice majeure de la littérature suisse romande avec notamment l’exposition au Palais de Rumine: Alice Rivaz présence des femmes.
Alice Rivaz maitrise parfaitement l’art de la nouvelle. Dès les première phrases le ton est donné, on est projeté dans le quotidien des protagonistes. Il n’y a rien de superflu, l’écriture est sobre, directe mais non dénuée de poésie et on avance inexorablement vers une fin que l’on devine rarement joyeuse. Rarement joyeuse car tous ses thèmes chers sont présents. La précarité et la solitude comme dans «Le piano de mademoiselle Lina». Cette dernière à la retraite dépérit car sans le sou et délaissée, elle s’ennuie, elle se meurt; ou dans la nouvelle éponyme où à la solitude s’ajoute le chômage. Misère financière, misère sociale. La domination patriarcale et le poids moral d’une religion rigoriste sont aussi largement présents comme dans «Une Marthe», prénom symbolique, soumise à son père, ses frères puis, pensant s’émanciper grâce au mariage, à son époux.
En lisant ce recueil aujourd’hui, on peut y trouver une certaine passivité, une résignation. Ces femmes ne s’inscrivent pas dans un combat, mais elles sont conscientes de leur statut. Marthe fait une analyse très revendicative de sa situation. Elle enrage de voir son père et ses frères lire alors qu’elle doit sans cesse raccommoder. Elle imagine leur tête si ses doigts n’étaient plus occupés.
Au-delà de la beauté de l’écriture, il est intéressant de constater que si une évolution a eu lieu malheureusement, certains thèmes sont toujours d’actualité.
Encore juste quelques mots sur le livre lui-même. Sa jaquette colorée et rétro avec une femme et un homme dos à dos accroche l’œil et nous plonge dans l’ambiance.

Coup de cœur - Le deuxième pas
Comment dire la douleur? Celle qui vous talonne jour après jour, celle qui vous lamine? Comment l’apprivoiser? Damien Murith, touché lui-même dans sa chair, porte loin l’écho de sa réponse… Ici, nul «témoignage», larmoiement, apitoiement ou complaisance. Mais une avancée dans le récit par saccades, soixante-cinq courts «chapitres», aux images fulgurantes, percussives, tour à tour affutées comme des lames, puis tendres… Et derrière cette apparente noirceur, la promesse, l’espoir des mots salvateurs, portés par une écriture concise et dense.
«Au plus fort de la douleur, il est des mots qui ne se disent pas. Ils pendent misérables au bout de l’œil, et ceux qui les regardent les comprennent.
Les yeux de la souffrance connaissent toutes les langues.» (p.44)
Damien Murith, auteur fribourgeois né en 1970, s’est déjà fait remarquer lors de la parution de son triptyque de romans Le livre des maudits, aux éditions L’Âge d’Homme, récompensé par plusieurs prix littéraires. La voix magistrale et forte d’un grand poète, à découvrir absolument!

Coup de cœur - Jours à Leontica
7 jours, 7 chapitres et tout un univers qui se dévoile…
Le Felice, 90 ans est un personnage déterminé et un homme d’habitudes. Il accepte de partager celles-ci avec le narrateur qui va le suivre durant quelques jours. C’est un monde qui s’ouvre à lui, à nous, celui de la lenteur, de l’observation et de la simplicité. En relatant ces journées rythmées par la nature environnante, il découvre un monde rempli de sagesse, de bienveillance et d’entraide.
De manière intemporelle et par le biais d’une écriture imagée, l’auteur nous décrit la vie ordinaire des habitants de Leontica, petit village d’une vallée tessinoise. Tel un récit de vie, ce texte nous permet de faire la connaissance de gens pour lesquels le mot communauté n’est pas vain. Des gestes simples aux échanges peu verbaux. De l’humour si particulier des taiseux à la curiosité de l’autre. De la sobriété jusqu’aux situations plus picaresques… Il faut savoir que Felice se trempe tous les matins dans une gouille d’eau en altitude et cela par n’importe quel temps… qu’il marche pieds nus jusque tard dans la saison hivernale… que les décoctions de plantes sont sa boisson de prédilection et ça dans le pays de la grappa… qu’un jeune paysan du village a posé pour le calendrier agricole… que les kakis poussent là-bas comme chez nous, les pommes. Un livre envoûtant grâce à sa description minutieuse, poétique d’un univers parfois âpre mais tellement humain.
Un texte contemporain… aux accents nostalgiques?

Coup de cœur - Pipes de terre et pipes de porcelaine
Ce livre a le pouvoir de nous mettre d'aplomb! Madeleine Lamouille est une femme d'une personnalité remarquable et inspirante. Elle naît au début du siècle à Cheyres, dans une famille nombreuse et pauvre. À l'adolescence elle va en France voisine dans une usine-couvent (quelles étranges conditions...), puis avec sa sœur, malade, elles rentreront en Suisse.
Madeleine Lamouille raconte ses souvenirs de femme de chambre dans deux grandes maisons romandes, c'est une plongée dans cet univers, dans cette vie d'un certain esclavagisme; c'est aussi la droiture de cette femme, qui sait quelle est sa place, mais qui sait aussi ce qu'elle est en droit d'attendre comme considération, et elle va le demander!
Lire ce récit offre une une fenêtre sur la vie des grandes maisons des années 30-40, lire ce récit c'est aussi se rendre compte à quel point il est d'actualité.

Coup de cœur - Inflorescence
Féminité, maternité, filiation et végétation: voici quelques adjectifs définissant bien ce très beau texte. L’écriture délicate, addictive et subtile de Raluca Antonescu nous entraîne à la rencontre de quatre femmes vivant dans des lieux et des époques différentes (entre 1911 et 2009). Les récits se tissent et se mêlent, tels des «inflorescences». Au lecteur/à la lectrice, petit à petit, de reconstituer le puzzle de ses quatre vies où la nature et particulièrement les végétaux tiennent une place centrale dans la vie de chacune.

Coup de cœur - Balles neuves
Olivier Chapuis mène le jeu d'une plume aérienne et si il égratigne notre «RF» au passage, ce n'est que pour souligner les travers de notre société. Difficile de ne pas céder à la tentation de se trouver un bouc-émissaire quand votre vie n'est pas à la hauteur de vos espérances. Pour Axel Chang, anti-héros de ce roman, tout comme l'écrivain qui lui donne vie, mais qui n'est pas celui auquel vous pensez, «RF» devient une obsession à en perdre la raison, boulot, femme et enfants. Mais quand on se nomme Chang, il reste encore le service à la cuillère, un dernier geste désespéré, quand tout semble quasiment perdu. Une histoire tactiquement bien construite, un regard aiguisé, une fin digne d'un grand Chelem, je suis obligée d'admettre «jeu, set et match» cher Olivier!

Coup de cœur - Au Sevilla Bar
Belle Histoire
Nous suivons les péripéties d’un propriétaire de bar qui doit récupérer une fameuse tête de taureau qu’il aimerait réinstaller dans son estaminet. C’est l’occasion de découvrir toute une palette de personnages, tous plus loufoques et attachants les uns que les autres; sans oublier, une vraie déclaration d’amour à la femme qui partage sa vie depuis de nombreuses années…
Bref, dans ce roman, on retrouve toute la magie de l’auteur; son sens aigu de la narration mais surtout l’ambiance des petits bistrots; l’affection pour les petites gens et la beauté sans fard de l’amour qui dure. Tout est affaire de petits moments précieux qui nous rappellent que les plus beaux instants vécus sont souvent les plus insignifiants.
Il serait extrêmement dommage de passer à côté d’un si brillant auteur. Il faut lire Alex Capus, c’est salutaire! Et pour la petite histoire, ce cher auteur tient un très joli bar près de la gare d’Olten. Marié la noblesse de la littérature avec le populaire du bistrot? Décidément, il a tout pour plaire!

Coup de cœur - Ne pas laisser le temps à la nuit
Un premier roman qui n'en a pas l'air tellement il est bien ficelé et répond à tous les codes du thriller. Un premier roman concis et sans longueur que j'ai dévoré en une soirée!
Sonia Molinari sait transcrire les émotions et nous décrire les atmosphères au point de nous les faire ressentir. Son écriture soutenue et la trame du roman m'ont tenue en haleine jusqu'à la fin.
Maiko a plusieurs identités qu'elle va utiliser pour tenter de sauver sa peau. Elle part à la recherche de son père, éminent scientifique qui a été kidnappé il y a plus de dix ans. Entre Bruxelles, Hong Kong ou encore la Norvège, nous voyagerons la gorge nouée à la poursuite de son enquête.
Un roman à découvrir absolument!