Des éditeurs romands sous les projecteurs – Prix suisses de littérature 2024

Image
Deux prix suisses de littérature 2024

Cette année, l’Office fédéral de la culture (OFC) a rendu hommage à l’œuvre de l’écrivain argovien Klaus Merz en décernant à celui-ci la plus haute distinction littéraire du pays. À côté de ce Grand Prix suisse de littérature et du Prix spécial de traduction, le Jury fédéral de littérature a également désigné les lauréats des Prix suisses de littérature. Deux auteurs rattachés à des maisons romandes ont été récompensés: Jérémie Gindre pour Tombola (Zoé) et Ed Wige pour Milch Lait Latte Mleko (Paulette éditrice).

Éloge de «Tombola» de Jérémie Gindre

Sept nouvelles composent la Tombola que nous offre Jérémie Gindre; sept récits divers de par leur longueur, les lieux et les protagonistes qu’ils mettent en scène, mais qui sont reliés par une multiplicité de cohérences et d’échos: une même attention parcimonieuse aux détails d’une description, une distance curieuse entre la voix qui raconte et les personnages, un goût de l’anecdote dont le sens déborde et dérange le cours tranquille des événements, et, entre les lignes, discrète et délicate, une nonchalance qui n’oublie pas de sourire et, par exemple, d’interrompre une histoire sous le seul effet d’un éternuement. Le livre a cette qualité rare de faire recueil, de constituer plus que la somme de ses parties, de nous inviter à nous perdre, à explorer ou à découvrir, d’un récit à l’autre, comment leur sens se module en fonction de leurs relations. À cette tombola, l’auteur ainsi que les lectrices et les lecteurs gagnent un gros lot. Lui, un prix, nous une poétique de la nuance.

Éloge de «Milch Lait Latte Mleko» d’Ed Wige

Inventant le prélude d’une fugue, Ed Wige raconte le quotidien suisse d’une fillette arrivée d’ex-Yougoslavie avec sa mama, contrainte de grandir entre les grüezi et les bitte schön dans l’ombre fantomatique d’un père aperçu – guerre oblige – au Tagesschau. Si donner voix littéraire à l’enfance est toujours un défi, l’écrivaine le relève, entre candeur et violence, avec une éloquence d’autant plus remarquable qu’elle se fait ici extraordinairement lapidaire. C’est ainsi qu’un petit roman parfois est grand.

Source:
Communiqué de presse de l’Office fédéral de la Culture