Rencontre avec Tasha Rumley organisée par l’Association Tulalu!?

Et si, entre les histoires d’amour et de mort, il était impossible de choisir? Et si toute affaire engageant les sentiments les plus intenses, qu’ils soient amoureux, amicaux ou fraternels, convoquait nécessairement aussi la menace de sa fin? Amour et mort sont les deux faces d’une même pièce et cette réalité est à la fois tragique et comique: c’est ce que nous souffle le premier livre de l’écrivaine vaudoise originaire de Sainte-Croix, Tasha Rumley, A l’amour à la mort, un recueil de sept nouvelles tissées dans les liens inextricables entre amour et mort.

On y découvre une femme hantée par la mort de son ami, une amitié entre deux femmes colocataires mais séparées par un gouffre culturel, la découverte du désir fauché en plein vol, ou encore l’expérience du plaisir ultime… Des micro-récits où le tragique côtoie la drôlerie et où l’expérience intime croise le drame collectif, comme dans Des tombes et des bombes, nouvelle dans laquelle l’autrice évoque le long et douloureux chemin d’identification des victimes de guerre par leurs familles, en Géorgie.

Car si la Suisse est le décor favori de ses écrits et quoiqu’elle ait décidé, en 2019, de se consacrer pleinement à l’écriture, Tasha Rumley reste marquée par sa vie passée: après des années de journalisme, cette russophone a été travailleuse humanitaire au CICR durant sept ans, en charge notamment de la création du bureau du CICR à Marioupol, en Ukraine, pays qu’elle connaît aussi bien que sa Suisse natale et qu’elle ne cite pourtant pas dans son recueil. Peut-être parce qu’il est des choses vues et vécues qui ne peuvent pas s’écrire littéralement. Cependant, grâce à la fiction et un style vif, précis et percutant, Tasha Rumley donne à ses expériences une dimension universelle: A l’amour, à la mort est avant tout l’histoire de la perte de l’innocence, du défi de la reconstruction après le drame, de l’impossible oubli, mais aussi de la force des liens d’amitié.

Texte écrit par Anne Laure Gannac.