Drôle de métier que celui d’éditer...

Image
Portrait de Claude Pahud

Drôle de métier que celui d’éditer… Ce n’est pas la peine d’essayer de le découvrir, par exemple, en visitant le Salon des métiers qui s’est tenu en novembre à Lausanne… Dans la liste des apprentissages possibles, on ne trouve rien entre «échafaudeur» et «électricien de montage»… Nulle «éditrice», pas d’«éditeur»… Au contraire de la France, on ne propose pas de formation complémentaire au bachelor ou au master dans nos universités suisses.

C’est que ce job en contient beaucoup d’autres, à des degrés variables, plus ou moins effectués à l’interne ou à l’externe: du choix des manuscrits au balayage des locaux, du graphisme à la comptabilité, de la promotion à la correction, de l’établissement de devis à l’envoi de colis, du maintien du parc informatique à la tenue de stands lors de salons… Prévert aurait eu de quoi poétiser avec une telle liste!

Si celles et ceux qui ont la témérité de se lancer dans l’aventure s’appuient fréquemment sur une occupation plus rémunératrice pour laquelle une formation existe – enseignement, journalisme –, d’autres en font leur seule activité professionnelle.

Alors, à moins de rejoindre une maison préexistante, on se trouve devant une feuille blanche et il s’agit de monter, d’inventer une structure, avec les moyens du bord. C’est-à-dire souvent avec pas grand-chose. Ensuite, de tâtonnements en erreurs, de
coups éditoriaux manqués en demi-succès, on construit une structure, un fonctionnement, qui assure une publication régulière de titres, un catalogue cohérent ainsi qu’une survie probable à moyen terme.

Les modèles de maisons d’édition ne se ressemblent donc pas. Leurs formes juridiques diffèrent, leurs fonctionnements, leurs procédures de fabrication sont divers, tout comme leurs outils, c’est-à-dire leurs programmes informatiques.

C’est pour cette raison, au moment où je bataille – très en retard comme à l’habitude – avec le bouclement des comptes, l’évaluation du stock et le calcul des droits d’auteur, que je me dis que des collègues ont probablement mis au point une manière d’en venir à bout plus efficace que la mienne. D’où l’envie d’une mise en commun des connaissances, indépendante et désintéressée.

Lors de rencontres informelles, des professionnels de l’édition pourraient échanger leurs expériences, en faire bénéficier des collègues ayant moins d’heures de vol, mais qui pourraient bien cependant amener des propositions innovantes.

Il suffirait, afin de mettre ceci en oeuvre: d’une table; de quelques chaises; de choisir des thèmes de discussion, d’agender les rencontres.

Source:
Claude Pahud, Magazine LivreSuisse n°3