Trois questions à Annette Beger

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Portrait d'Annette Berger
©J. J. Auzan

Kommode Verlag est une petite maison d’édition indépendante zurichoise qui publie des essais stimulants et narratifs mais aussi des ouvrages de fiction traduits. Tout à la fois membre de Swips, du SBVV et… de LivreSuisse, sa fondatrice et éditrice, Annette Beger, est à l’origine du projet BeToGather, qui tend à rapprocher les éditeurs des deux côtés de la Sarine. Nous lui avons posé nos 3 questions.

Vous avez un parcours artistique et professionnel atypique, comment passe-t-on du Bel Canto à l’édition?

Je ne suis pas passée directement du chant classique (opéra) à l’édition. Entre-temps, il y a eu d’autres étapes: j'ai d'abord été assistante dramaturge au théâtre de Soleure. C'est là que j’ai découvert mon intérêt pour la littérature. La plupart des dramaturges ont fait des études de linguistique et/ou de littérature. Et comme au théâtre (surtout à l’opéra, car la langue y est associée à la musique), la littérature est question de langue, de rythme, de style (le son), de personnages et d’histoire. L’impulsion de me lancer dans l’édition est venue d'une toute autre direction. Mais c’était une évolution très naturelle et je me sens encore aujourd’hui parfaitement à ma place. Je continue à chanter quand l’occasion se présente. Et pas seulement de manière classique!

 

La première édition de BeToGather a connu un franc succès, quelque quarante éditrices et éditeurs de Suisse romande et de Suisse alémanique ont fait connaissance, ont échangé, ont envisagé des collaborations possibles, qu’est-ce qui vous motive à franchir le Röstigraben?

J’ai entendu à plusieurs reprises, dans des conversations, que le souhait d’organiser un tel événement était réel. Au départ, Hadi Barkat (Helvetiq) et moi-même voulions organiser cet événement en 2019 lors des Journées littéraires de Soleure, mais elles n’ont pas eu lieu. L’idée est restée. Et donc aussi la motivation de la mettre en œuvre. En outre, je trouve à titre personnel qu’il y a trop peu d’opportunités pour les éditeurs et les créateurs de nos maisons d’édition d’échanger des idées au niveau national. Les manifestations BeToGather devraient changer cela. Ce qui me plaît dans l'échange informel, c'est que je fais enfin la connaissance de collègues de l’autre côté du Röstigraben et que j’en apprends davantage sur leur programme éditorial, mais également quant aux personnes qui se cachent derrière.

 

La 2e édition de BeToGather est d’ores et déjà agendée au vendredi 9 juin 2024 à nouveau à Fribourg, quels en seront les ingrédients et de quoi voulez-vous tenir compte?

Il y aura à nouveau une partie formelle. Elle doit nous permettre d’échanger sur un sujet d’actualité qui nous concerne tous. Il serait également souhaitable que nous en apprenions davantage sur les points communs (p. ex. le marché suisse du livre en général), mais aussi sur les défis et les différences entre les différentes régions linguistiques de Suisse. Dans le meilleur des cas, nous parviendrons à créer des synergies qui renforceront le secteur.
Mais la partie informelle revêt également une grande importance pour le BeToGather, comme l’a montré le sondage réalisé après la première édition. Il faut faciliter le fait de faire connaissance, d’approfondir les relations entre les personnes. Les affinités, les amitiés suscitent également la volonté et l’énergie de collaborer ensemble. Et cela doit être entretenu.