La part des traces

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Couverture de l'ouvrage Willibald de Gabriella Zalapi

Sa mère a vendu Le sacrifice d’Abraham, ce tableau que l’arrière-grand-père Willibald avait sauvé des nazis en le roulant dans sa valise. «Il y a des images qui deviennent des organes», confie Mara, la petite-fille, qui revient sur les traces de son aïeul en découvrant le journal de bord de son exil. «J’ai besoin de savoir qui est l’homme qui a tant aimé Le sacrifice», avoue la fille à sa mère, comme pour justifier que se lève le vent du désordre dans les souvenirs immobiles de la famille d’Antonia. L’objet permet le retour de la mémoire, amène à l’évocation d’un disparu, développe un dialogue exacerbé entre une fille et sa mère qui recrée la figure d’un homme et l’épaisseur d’une famille. Il va falloir faire face au passé et à tout ce qui n’a pas été dit. Deuxième roman publié de Gabriela Zalapì après Antonia, Willibald remonte la mémoire familiale avec pudeur, les silences et la délicatesse d’une plume qui confie l’essentiel sur la page, dans une écriture à l’os et une esthétique romanesque entre peinture et poésie.

Source:
Karine Papillaud, Magazine LivreSuisse n°4