Le 9e art s'étend en Suisse romande

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Bande dessinée

Si la Suisse romande est historiquement le berceau de la BD avec Rodolphe Töpffer, ce médium y est peu représenté par des maisons d’édition spécialisées. Avec l’essor du BD-reportage et de la vulgarisation scientifique, la scène se diversifie et se transforme.

Du côté des éditeurs académiques, le Fonds national de la recherche présente des signes peu optimistes de soutien à la publication à long terme. C’est ce qui a notamment motivé les éditions Antipodes, puis plus récemment Alphil, à s’engager dans ce segment grand public comme nouveau débouché. Alain Cortat, directeur d’Alphil nuance toutefois que «le but n’est pas de devenir une maison d’édition de BD, mais de diffuser le savoir». On pense notamment à Au secours, mon papa est sociologue!, qui explique en courtes saynètes les manies de cette profession méconnue. Il dénote également le côté gratifiant de pouvoir écouler significativement plus d’exemplaires qu’un livre scientifique classique.

Pour le groupe Slatkine, qui publie deux romans graphiques ce semestre, c’est l’ancrage local des projets proposés qui oriente leur choix. Là encore, il n’y a pas une vocation à investir pleinement ce médium. L’éditrice, Delphine Cajeux, rappelle cependant que Slatkine «publie des réimpressions de BD depuis toujours», notamment les œuvres de Töpffer. À noter que Cabedita possède aussi une collection de BD historiques, plus pour les adeptes de «grands» récits nationaux.

L’enthousiasme bédéistique est plus manifeste du côté de Sept.info. Son directeur, Patrick Vallélian, perçoit une complémentarité entre le 9e art et les «narrations du réel» qu’ils expérimentent avec leur mook. Les enquêtes peuvent ainsi être adaptées en BD, ou alors provenir directement de BD-reporters, à l’image de Chapatte ou Joe Sacco, pour apporter «un élément de plus». Et les auteurs et autrices dans tout ça? Entre nouvelles opportunités professionnelles et exaspérations face aux contraintes des projets de commande, il faut le dire, leurs cœurs balancent…

Source:
Alexandre Grandjean, Magazine LivreSuisse n°5