Les univers malicieux de Krum

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Couverture le Marcheur

À l’ère du scroll et d’Instagram tout-puissant, l’artiste vaudois Krum propose une bande dessinée contemplative et postapocalyptique au format de vignettes verticales. 

Comme à son accoutumée, l’auteur de l’Au-dessus (2004) explore les codes d’une narration immersive et enchâssée. Sans contexte ni explication, différentes scènes se suivent, se touchent et s’influencent. Un robot humanoïde explore les détritus de l’humanité avant de se faire attaquer par un rapace. La ville de Paris est en ruine, et le sosie de Jean Rochefort tente d’échapper à une horde de zombis – des gamers perdus dans leurs casques de réalité virtuelle. Une mystérieuse enchanteresse émerge d’un cocon de lianes, et ouvre la porte d’un sanctuaire aux traits d’un poisson abyssal... En tant que lecteur ou lectrice, le sens de cet œuvre est à construire par nous-mêmes. À chaque relecture, la découverte d’un détail ouvre de nouvelles hypothèses pour mieux se repérer dans cet univers malicieux, digne de Terry Pratchett. Ici, la technologie, la magie et la spiritualité se rencontrent, se combinent, et invitent à se laisser guider par le rêve, l’étrange et le paradoxe face à un monde désertique qui sera peut-être le nôtre. Ce format, qui reprend celui d’un écran de téléphone, renvoie toutefois à notre propre présent et champ de vision. 

Source:
Alexandre Grandjean, Magazine LivreSuisse n° 5